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Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/235

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— Mon plaisir vaut le tien, ça me fait plaisir à moi de le garder.

L’administrateur se mordit les lèvres. La fête terminée, le gouverneur partit, il songeait encore au cheval. Il alla conter sa déconvenue au vieux Chaya, qui lui servait d’intermédiaire pour prêter de l’argent à cent vingt pour cent. Chaya lui remplit le cœur d’espoir :

— Cela tombe à merveille, dit-il ; Bouziane, voisin de Lagdar, me doit, je vais l’envoyer saisir.

— Mais… quel rapport, fit le fonctionnaire ?

— Je m’entends ; je dirai à l’huissier deux mots, il trouvera moyen d’avoir la jument.

L’huissier n’eut guère à prendre dans le misérable gourbi de Bouziane.

— Ce n’est pas suffisant ici ; voyons là, fit-il en enjambant la haie de clôture du voisin, et, ayant aperçu Rihana près de la demeure de Lagdar, il marcha droit à elle et la saisit.

Aux protestations indignées de celui-ci, affirmant ne rien devoir à personne, l’huissier cria pour toute réponse : « Revendique ! »

Il demanda, en effet, à la justice de lui prêter main-forte pour recouvrer son bien. Malgré les nombreux témoins jurant que Rihana était née chez Lagdar, malgré les quittances d’impôt établissant sa qualité de propriétaire du cheval, le tribunal, s’appuyant sur