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Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/242

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échapper à la promiscuité ; son mari barricada la porte ; alors, affolée, la pauvre enfant, au risque de se tuer, sauta par la fenêtre qui plonge dans un ravin.

Le tribunal tança le mari, Amed ben Hassem, un avorton de dix-huit ans, blême et malingre, qui protesta de son amour pour sa première épouse et déclara que, s’il en avait pris une seconde, c’était tout simplement pour lui faire faire l’ouvrage de sa mère… Du reste, de par la loi musulmane, il avait le droit d’épouser quatre femmes !…

Ne pouvant obtenir le divorce, Kansa s’écrie : « Donnez-moi un lézard, un chien pour époux, plutôt qu’un homme qui a une autre femme ! » Puis elle se précipite dehors, elle s’enfuit, elle court si vite que ses parents et son mari ne peuvent la suivre. Elle dégringole la colline et arrive sous un arbre colossal, le seul resté debout d’une forêt brûlée ; à ses branches se balancent des moutons fraîchement écorchés. Cet arbre est l’abattoir de la ville, c’est sous son ombrage qu’à n’importe quelle heure on égorge agneaux et bœufs. Deux hommes jettent la victime à terre, la maintiennent couchée, pendant qu’un troisième saisit la bête à la gorge et d’un coup de couteau lui tranche la carotide.

À la place même où l’on venait de tuer une chèvre blanche au long poil soyeux, à la tête fine, qui avait