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Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/183

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MILLE ET UN JOURS

minutes sur le quai de la gare de cette immense ville. Puis nous prenions le train qui devait nous conduire à la frontière dans le voisinage de laquelle nous arrivions vers midi.

Par suite d’une erreur commise par l’ordonnance dans leur enregistrement, mes bagages furent expédiés à une station frontière beaucoup plus au nord que celle où nous nous rendions. On fit jouer le télégraphe, et l’officier commandant le poste nous encouragea à prendre patience, nous donnant l’assurance que ces bagages seraient de retour le lendemain. Il fallut donc nous résigner à passer la nuit dans ce village.

Ce fut un problème très sérieux que celui de me procurer, le midi et le soir, dans ce petit village allemand de Goch, un repas à peu près convenable, sans être muni de la carte d’alimentation réglementaire. Mais quand on respire l’air à pleins poumons, quand on jouit d’une liberté relative, et que l’heure de la délivrance approche, il est assez facile d’imposer silence à son estomac. Le lendemain, vers midi, mes malles étant arrivées, nous pouvions faire le court trajet supplémentaire de deux ou trois milles pour atteindre la petite station-frontière où je devais subir une certaine inspection.

Ce jour-là, le dimanche 11 mai, j’étais le seul passager à destination de la Hollande. Un train minuscule, composé d’une locomotive et d’un seul wagon, faisait la navette entre le village frontière d’Allemagne et le village frontière de Hollande.