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Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/204

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EN PRISON À BERLIN

deux fois par semaine, une copie du Daily Telegraph, de Londres, malgré la défense expresse d’introduire un journal anglais ou français dans la prison. Ce journal, ai-je besoin de le dire, faisait le tour des cellules des Anglais et quand tout le monde l’avait lu, l’opération était couronnée par une fumisterie de haut aloi.

Au moyen de cette clef, que l’on gardait soigneusement cachée, la porte de l’officier était ouverte, soit durant le déjeûner, alors qu’il était absent, soit durant les dernières heures de la journée, alors qu’il avait déjà quitté la prison, et le Daily Telegraph était placé sur le pupitre.

La deuxième journée, l’officier entra dans une grande colère et plaça un sous-officier à sa porte pendant son absence. On ne fut pas rebuté pour si peu.

Comme j’ai tenté de l’expliquer antérieurement, la partie de la prison que nous habitions était triangulaire. À sept heures, le soir, un sous-officier commençait à fermer les portes : il fermait d’abord un côté du triangle, s’engageait ensuite, après avoir doublé l’angle, dans le second côté. C’est à ce moment qu’un des prisonniers occupant une cellule au troisième côté, encore ouvert, venait subrepticement avec la fameuse clef ouvrir une porte, donner la clef à l’occupant, et retournait en toute hâte à sa cellule. Tout cela se faisait assez vivement et sans que le sous-officier qui fermait les portes à clef pût s’en