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EN PRISON À BERLIN

de poussière, paraissaient exténués. On eût dit des condamnés à mort.

À mon retour, je m’engageai dans une rue très étroite aboutissant à un petit escalier menant vers la cathédrale. Je remarquai à ce moment une dame d’assez petite taille, mise très humblement, et qui tenait par la main un petit garçon de huit à dix ans. Un groupe de gamins, visiblement mieux renseignés que moi, s’arrêtèrent et se mirent à crier à tue-tête : « Vive la reine Elisabeth ! », et : « Vive le petit prince ! » La reine, — car c’était la reine Elisabeth elle-même, — les remerciait par un aimable sourire.

Ces cris des enfants, se répercutant dans la rue, attirèrent la foule ; en peu d’instants, une centaine de personnes se trouvèrent assemblées, les vieillards enlevaient leurs chapeaux, et les enfants criaient toujours : « Vive la reine Elisabeth ! » Je la suivis quelques minutes jusqu’à sa rentrée au Palais, place de Meir, et tout le long du parcours, c’était le même cri : « Vive la reine Elisabeth ! » La petite reine saluait gentiment, et souriait gracieusement.

Dans les derniers jours du mois d’août, et les premières semaines du mois de septembre, les troupes belges, concentrées dans la position fortifiée d’Anvers, tentèrent plusieurs attaques contre les Allemands qui occupaient déjà Bruxelles, et qui occupèrent Malines peu après. Nous étions confidentiellement avertis, à l’hôpital, de ces sorties de l’armée belge, et le lendemain nous nous préparions à recevoir de nombreux blessés.