Aller au contenu

Page:Béranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/493

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Au coin du feu, tous deux à l’aise,
Chantant, l’un par l’autre égayés,
Prions Dieu de vivre oubliés,
Toi dans ton trou, moi sur ma chaise.
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.




LES PIGEONS DE LA BOURSE


Air :


Pigeons, vous que la Muse antique
Attelait au char des Amours,
Où volez-vous ? Las ! en Belgique
Des rentes vous portez le cours !
Ainsi, de tout faisant ressource,
Nobles tarés, sots parvenus,
Transforment en courtiers de Bourse
Les doux messagers de Vénus.

De tendresse et de poésie,
Quoi ! l’homme en vain fut allaité.
L’or allume une frénésie
Qui flétrit jusqu’à la beauté !
Pour nous punir, oiseaux fidèles,
Fuyez nos cupides vautours ;
Aux cieux remportez sur vos ailes
La poésie et les amours.