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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/109

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le luxe

Du reste, 1l n’existe pas deux catégories distinctes d’ouvriers, vouées, l’une au superflu, l’autre au nécessaire. La montre d’un Crésus et celle d’un artisan sont parfois l’ouvrage des mêmes mains. Tel bijou de prix qui brille sur la prostituée ou sur la grande dame, telle alliance achetée pour une laborieuse mère de famille, sortent d’un seul atelier, comme les wagons de première classe qui promènent le parasitisme, et ceux de troisième qui transportent les fourmilières du travail.

Ce sont par conséquent les produits, non les producteurs, qu’il faut classer en utiles ou inutiles, suivant leur destination, Tout objet, morceau de pain ou cachemire, consommé par un oisif, est une chose perdue. Car elle a été cédée gratis, c’est-à-dire contre argent écumé par l’usure sur le travail. Perte également, toute consommation faite par l’ouvrier, pendant qu’il fabrique des produits réservés à cet oisif. Ce n’est pas sa faute, il subit la loi de la nécessité. Il est victime, il est dupe ; mais en fait, il reste à la charge sociale, durant cette phase stérile de son activité. Or, tous les prolétaires se trouvent plus ou moins souvent dans cette situation. Qui d’entre eux ne travaille jamais pour un parasite ?

Le riche, disons-le, n’est pas toujours un pur fainéant, ou pis encore, un requin glouton, comme l’agioteur, le banquier. Le propriétaire-cultiva-