Aller au contenu

Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
critique sociale

Mais le condamner à mort avec les plus terribles considérants, et clore l’arrêt en se jetant à ses pieds, vrai ! c’est trop drôle ! »

« Dès qu’il parait dans une localité morte, la vie y pénètre avec lui. C’est une résurrection, ou plutôt une naissance soudaine. Maisons de s’élever, magasins de se remplir, populations d’accourir au festin servi par sa munificence,… et au dessert, on le lapide !… ah ! »

Eh ! oui, on salue par des cris de joie l’arrivée du capital. C’est de l’argent qui rentre dans la circulation, À quel prix, peu importe ! Il en revient quelque chose au travailleur. Noël ! Noël ! — On ne voit que le service rendu. Personne ne s’avise que, fils d’une spoliation, ce divin métal va devenir père d’une autre.

Ne sonnez pas vos cloches, pauvres gens ! Point de cantiques d’actions de grâces ! Hélas ! Ces chants d’allégresse ne se changeront que trop vite en gémissements. La pieuvre va vous appliquer ses suçoirs et aspirer votre sang goutte à goutte. Avant peu, autour de l’immense usine aux minarets fumants, on verra grouiller une foule malingre, des femmes livides et décharnées, des enfants dévorés par les scrofules et la phtisie. C’est sa majesté l’Empereur-Écu qui lève sur le travail au rabais son tribut de cadavres.

Il faut bien amorcer la ligne pour prendre d’autre poisson. Il faut bien que l’épargne du sire