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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/143

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les apologies de l’usure

économistes, Mais, ne leur en déplaise, la prétention est bouffonne. Vendre et prêter (à intérêts, s’entend) c’est le jour et la nuit, le bien et le mal. La vente est une transaction féconde ; le prêt, un fléau et une spoliation. La société repose sur une fonction double, l’échange. Qui vend et achète, accomplit cette fonction. Qui prête, l’anéantit. Donc, vos lamentations sur l’injustice faite au prêteur sont deux fois ridicules. D’abord il ne crée rien du tout. Ensuite, créât-il, cela ne lui confèrerait pas le droit d’usure. Qu’il vende, qu’il ne prête pas.

« Si le prêt est gratuit, qui voudra prêter instruments, provisions et matériaux ? »

Personne. Merci, mon Dieu ! Plus de prêteurs ! Quelle jubilation ! D’ailleurs, on ne prête rien de tout cela. C’est une moquerie. Harpagon seul offrait aux emprunteurs des crocodiles empaillés. Cette mode a passé. On ne prête aujourd’hui que de l’argent.

« Qui voudra les mettre en réserve ? »

Personne encore. Et, sous ce rapport, il n’y aura rien de changé. On ne met jamais en réserve des instruments, des matériaux, des provisions. Ce serait du bien perdu. On se hâte de les vendre, et les vautours mettent en réserve le numéraire, prix de cette vente. Le vautour par excellence même ne vend ni n’achète de marchandises quelconques. Il ne manipule que les métaux précieux.