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critique sociale

doublé de Tartufe ! C’est le gouffre du déficit qui s’ouvre devant le malheureux, et qui va se creuser plus profond d’année en année. Jamais plus il ne touchera le prix intégral de son produit. Le plus net appartient désormais à son vampire. C’est le pacte du diable qu’il vient de signer. Pour un jour de répit, il a livré tout son avenir. Et l’économiste de s’écrier : « Si ce marché, profitable aux deux parties, est librement consenti, qui osera le déclarer illégitime ? »

« Profitable aux deux parties ! » Qu’en pense l’innombrable multitude des salariés ? Car l’histoire du menuisier et du forgeron est, mot pour mot, l’histoire du capital et du travail. Le contrat qui crée des ouvrières à quinze sous et des Rothschild à 250.000 fr. par jour, est-il profitable aux deux parties ?

Et quelle ironie dans ces paroles : librement consenti ! Un marché usuraire, fût-il au taux de 1.000 pour cent, est toujours libre dans le sens Judaïque du mot, puisque le victimé lui-même y figure comme solliciteur. Mais subir, la misère sur la gorge et la mort dans l’âme, des conditions homicides qu’il n’est pas possible de débattre, est-ce la liberté ? Et si la détresse, ainsi exploitée sans miséricorde, est l’ouvrage prémédité de l’exploiteur, que dire de l’apologie de telles perversités ? C’est une chose merveilleuse comme le style de Gobseck, en chasse des picaillons, coule