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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/202

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critique sociale

qui osera se porter accusateur contre l’enfant d’une telle mère ? Où sont d’ailleurs les preuves à l’appui de l’imputation qu’on lui lance ? Elle n’est qu’une insulte gratuite, puisque l’accusé n’a jamais vécu.

Et au nom de qui cette arrogante supposition ? Au nom de l’individualisme qui, depuis des milliers d’années, assassine en permanence et la liberté et l’individu. Combien sont-ils, dans notre espèce, les individus dont il n’ait pas fait des ilotes et des victimes ? Un sur dix mille peut-être. Dix mille martyrs pour un bourreau ! Dix mille esclaves pour un tyran ! et l’on plaide de par la liberté ! Je comprends ! Quelque sinistre escobarderie, embusquée derrière une définition. L’oligarchie ne s’intitule-t-elle pas démocratie, le parjure honnêteté, l’égorgement modération ?

La liberté qui plaide contre le communisme, nous la connaissons, c’est la liberté d’asservir, la liberté d’exploiter à merci, la liberté des grandes existences, comme dit Renan, avec les multitudes pour marchepied. Cette liberté-là, le peuple l’appelle oppression et crime. Il ne veut plus la nourrir de sa chair et de son sang.

Moralistes et législateurs posent tous en principe que l’homme est tenu de faire à la société le sacrifice d’une portion de sa liberté, en d’autres termes, que la liberté de chacun a pour limite la liberté d’autrui. Cette définition est-elle obéie par