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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/35

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l'usure

tous pourvus. Si ma marchandise me reste, c’est par le fait des grippe-sous qui se privent pour amasser des espèces et rendre service avec, à cinq ou dix du cent. Voilà pourquoi ma débine est, plus que vous ne pensez, votre faute et celle de vos pareils.

Gobseck. — En ce cas, mon bien ne m’appartiendrait plus. Ce n’est pas possible. Autant vaut ouvrir ma maison au pillage. Charbonnier est maître chez lui. Chacun pour soi dans ce monde.

Lazare. — Vous l’avez déjà dit, et c’est faux. Cela pouvait être vrai, quand les hommes étaient rares, isolés, sans relations entre eux. Ce temps-là est loin derrière nous. Aujourd’hui nous avons tous besoin les uns des autres.

Jadis, chacun fabriquait lui-même ses vêtements, sa cabane, ses meubles, ses outils, ses armes, ses vivres, et se passait aisément de l’assistance de ses semblables. On troquait de ci, de là, un outil contre un meuble, des aliments contre des habits. Ce n’était pas commode. Peu à peu, les échanges se sont accrus. On a découvert l’or et l’argent, matières précieuses, incomparables comme mesure et instrument de l’échange. La division du travail s’en est suivie. Chacun n’a plus fait qu’une chose, par conséquent mieux et plus vite, Grand profit pour tout le monde, céder en détail son produit, contre du numéraire, à une foule d’individus, et, au moyen de ce numéraire,