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l'usure

les marchandises échangées, au moyen d’une pièce de cent sous, aient une valeur exactement semblable. Cela n’arrive jamais. Il y à toujours, quoi qu’on fasse, une différence, et souvent très grande.

Lazare. — C’est un truc que vous me débitez là, père Gobseck. On sait fort bien qu’il n’est pas possible d’établir avec précision la valeur comparative des choses, même à l’aide de la monnaie, En outre, l’habitude et l’inexpérience, la bonne ou la mauvaise foi jouent un grand rôle dans les transactions. Les uns achètent cher et vendent bon marché. C’est l’inverse chez d’autres, On trompe ou on se trompe toujours un peu et même beaucoup, d’un dixième, d’un tiers, de moitié, parfois des trois quarts. D’ailleurs, l’achat n’étant presque jamais contemporain de la vente, les valeurs respectives changent dans l’intervalle,

Tout cela n’est pas la question et n’a rien de commun avec la question. Il s’agit uniquement du rôle de la monnaie, Dans une comparaison de valeurs, elle n’est qu’un intermédiaire neutre et gratuit. Elle n’a pas plus de primes à payer qu’à percevoir, sur les deux actes successifs, vente et achat, qui constituent son intervention. Cette neutralité indifférente est l’essence même de sa fonction. La mettre à prix, comme vous faites, c’est anéantir la loi d’échange, qui est l’équivalence. Vous, père Gobseck, vous prétendez me