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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/47

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l'usure

misère, Pas difficile de reconnaître ce qui distingue le riche du pauvre, n’est-ce pas ?

Gobseck. — Pardi ! Les écus.

Lazare. — Comment en obtenir de ces écus. quand on commence avec ses bras seulement ? Par le travail. Vous avez pioché dur.

Gobseck. — Oh ! oui, et longtemps.

Lazare. — Comme moi, mais avec un résultat tout opposé,

Gobseck. — C’est ce que je ne puis comprendre. Vous êtes un habile ouvrier, rude à la besogne, rangé, point ivrogne, point coureur, et, après avoir possédé un établissement, vous êtes réduit à travailler chez les autres.

Lazare. — Ah ! voilà ! Je suis né pigeon, moi.

Gobseck. — Pigeon ? Comment cela ?

Lazare. — Vous ne l’avez pas vu en me plumant ? Ce que c’est que l’habitude ! Vous feriez de la prose, sans le savoir, comme M. Jourdain.

Gobseck. — Plaît-il ?… M. Jourdain, dites-vous ?

Lazare. — Ne faites pas attention. C’est un particulier que vous ne connaissez pas. Tout à l’heure, vous venez de me rendre mon compliment par quelques mots aimables. « Bon travailleur, » disiez-vous de moi, « honnête, réglé, ni débauché, ni soulographe. » Ce n’est qu’une moitié du pigeon, ce portrait-là. Voici l’autre : il fait des repas sobres, mais substantiels, afin de réparer ses forces, Il a un logement propre, un