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capital et travail

vrai capital, le capital-fléau, le capital-vampire, le Tyran-Écu.

Les accaparements de certaines marchandises sont des spéculations accidentelles et rares, toujours orageuses, pleines d’incertitude, fécondes en désastres. Cependant, malgré le péril qui les entoure, elles inspirent une Juste haine. Pourquoi l’accaparement des espèces, si meurtrier, passe-t-il pour une vertu, sous le nom hypocrite d’épargne ? Celui-là n’offre que des chances de gain, jamais de perte. Il est l’état normal, le fondement de la société actuelle, le grand ressort de son organisme, ressort graissé de sang humain. Est-ce ce mérite qui en à fait un Dieu, selon l’usage ?

L’économie politique, qui a la conscience véreuse , berne le public avec des mots. Comme les produits, tous altérés d’échange, soupirent après leur conversion en numéraire, et se disputent avec acharnement cette entrée dans Le paradis terrestre qui s’appelle réalisation : comme la valeur-travail, elle aussi, quand elle réalise, se solde en valeur-monnaie, les jongleurs s’évertuent à confondre entassement d’espèces et amoncellement de travail, De là. leur fameuse définition du capital : travail accumulé. Or, la seule utilité du numéraire, improductif par lui-même, tient à son monopole d’intermédiaire pour l’échange. L’enlever à la circulation, sous un prétexte quel-