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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/93

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le luxe

bienfait, S’il était possible d’oublier que cet argent, fruit d’une première extorsion, a pour tout mérite, cette fois, de n’en pas commettre une seconde, Mais cette réserve, qui la fait ? Le socialisme, pas le public. Le public n’y voit que du feu, ou plutôt de l’or, toujours le bien odorant, qu’il sorte d’un boudoir où d’une vespasienne.

L’or, c’est la rosée fécondante, la manne appelée à grands cris par le monde des affaires. À ce visiteur-là on ne demande jamais ni mot de passe, ni certificat de bonnes vie et mœurs. Combien, pourtant, il est suspect, dès qu’il se montre prodigue ! Le luxe de l’oisif est une providence pour le commerce, soit ! mais pas plus que l’orgie des voleurs. En voilà, — ces derniers, — qui ne thésaurisent guère, qui jettent, en grands seigneurs, l’argent par les fenêtres Pas de plus zélés apôtres de la consommation, ce bienheureux symptôme de la prospérité publique. Seulement, ils paient la marchandise avec les écus pris dans la poche du marchand. Le code pénal s’empresse d’octroyer la prison et le bagne à ces trop zélés consommateurs.

Les écus de l’oisif et ceux du voleur sont-ils de provenance bien dissemblable ? La soustraction ne semble guère différer que par la forme. Simple question de procédé. Celui du malfaiteur est brutal… pas toujours cependant. Le détrousseur, le caroubleur deviennent plus rares que le filou.