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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/95

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le luxe

Amen ! — L’embarras officiel se conçoit. L’ordre social repose uniquement sur le prêt à intérêt. Comment le proscrire ? D’autre part, comment soulever la conscience universelle, en déchaînant sur le pays la meute des usuriers ?

L’économie politique n’a pas de ces craintes ni de ces scrupules. En sa qualité de doctrine, elle sent mieux la nécessité des principes, le danger des inconséquences et des capitulations. Elle réclame donc hautement, avec insistance, la liberté illimitée de l’usure, la destruction de toutes ses entraves. Le monde des affaires appuie ces efforts de son influence. Mais le pouvoir hésite devant l’énormité du scandale et le désespoir des populations.

Vains faux-fuyants ! Les économistes ont raison. Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, La société ne peut avoir pour fondement une équivoque, équivoque si effrontée que le gouvernement pratique lui-même, sans vergogne, ce qu’il condamne chez autrui, le prêt sur gage à douze pour cent.

Donc, plus d’ambiguïté ni d’arbitraire ! L’économie politique proclame l’usure , à tous les degrés, un droit et un bienfait. Le socialisme la déclare un attentat et un fléau. Le présent et le passé prouvent à l’envi qu’entre ces deux thèses il n’y à pas de transaction possible, ni de juste milieu.