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Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/263

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Le prémier de ces deux amis étoit M De Waessenaer gentil-homme de l’une des plus anciennes maisons de la province, mais qui étoit réduit à professer la médecine. Il avoit un fils qui étoit habile mathématicien, et dont nous aurons occasion de parler avec plus d’étenduë dans la suite de la vie de M Descartes.

L’autre amy étoit le Sieur Henry Reneri ou Renier, qui est appellé mal à propos M Reveri dans les lettres de M Descartes, que M Clerselier a fait imprimer, et dans la vie du P Mersenne écrite par le P Hilarion De Coste.

Ce Reneri qui a passé pour le prémier des sectateurs que la philosophie de M Descartes se soit faits dans les païs étrangers, étoit natif de la petite ville de Huy ou Hoey sur la Meuse dans le pays de Liége.

Son pére n’étoit qu’un simple marchand et receveur du chapitre de Huy : mais son grand-pére avoit été homme de grande considération à la cour de Bruxelles, sous Marguerite Princesse De Parme, fille de Charles-Quint gouvernante des Pays-Bas ; et il avoit été choisi pour être gouverneur du Prince Alexandre son fils. Nôtre Reneri étoit de trois ans plus âgé que M Descartes : il avoit fait ses humanitez à Liége, et sa philosophie à Louvain. Mais étant revenu à Liége pour y étudier en théologie, il eut le malheur de tomber sur les institutions de Calvin, dont la lecture luy changea tellement l’esprit qu’il abjura la religion catholique. L’obstination qu’il fit paroître à vouloir demeurer dans sa nouvelle résolution luy attira la disgrace de ses proches, et il ne put se soustraire à l’indignation de son pére que par la fuite. Il se retira en Hollande, et alla à Leyde étudier l’ecriture sainte au collége des françois, où il trouva des gens qui voulurent bien contribuer à sa subsistance. Cinq ans aprés sa fuite, son pére se crût obligé de le deshériter aprés avoir inutilement travaillé pour le faire revenir. Reneri pour tâcher de remédier à son indigence ouvrit une école particuliére dans Leyde, où il s’entretint pendant quelque têms de la rétribution de ses écoliers. Sa fortune l’ayant mis ensuite un peu plus au large, il s’appliqua particuliérement à la philosophie. C’est ce qui luy donna accez auprés de M Desc à qui il se fit connoître dés son arrivée en Hollande par l’entremise de M Béeckmam, ou