Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/305

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avec tant d’éclat devant le Cardinal De Berulle, le nonce de Bagné, et plusieurs sçavans, s’étoit jetté dans les éxercices de la chymie, mais d’une chymie qui par l’altération et la falsification des métaux tendoit à mettre le desordre dans le commerce de la vie. La France étoit alors remplie de gens qui avoient voulu profiter des troubles du royaume, pour ruiner la police des loix qui regardoient la fabrique et l’usage des monnoyes ; et l’impunité y avoit introduit une licence qui alloit à la ruine de l’etat. Le Roy Loüis Xiii pour la réprimer fut obligé d’établir dans l’arsenal à Paris une chambre souveraine qui fut appellée chambre de justice , par des lettres patentes données à S Germain le 14 de Juin 1631.

Chandoux y fut accusé et convaincu d’avoir fait de la fausse monnoye avec plusieurs autres, et il fut condamné à être pendu en Gréve.

M Descartes quoique trés-sensible aux biens et aux maux de sa patrie, ne sçavoit de ses mouvemens et de ses troubles que ce que ses amis vouloient bien lui en mander. Mais rarement l’entretenoient-ils des affaires publiques. Les uns ne songeoient qu’à lui proposer des problêmes de mathématiques, et lui parler d’observations physiques. Les autres ne se soucioient que de le féliciter du bonheur de sa solitude, et de lui témoigner la jalousie qu’ils en avoient. M De Balzac fut du nombre de ces derniers. Il étoit revenu à Paris vers le carême, aprés une retraite de dix-huit mois qu’il avoit faite à sa terre de Balzac prés d’Engoulême : et M Descartes avoit toûjours différé de lui récrire, dans la pensée qu’il seroit incessamment de retour à la ville ou à la cour, comme il le lui avoit fait espérer. Ayant appris son retour à Paris par le moyen du Pére Mersenne, il lui fit sçavoir de ses nouvelles : et pour montrer qu’il n’ignoroit pas l’art du compliment auprés d’un ami qui en étoit un grand maître, il lui demanda sa part du têms qu’il avoit résolu de perdre à l’entretien de ceux qui devoient l’aller visiter dans Paris, et il lui fit accroire que depuis deux ans qu’il étoit sorti de cette ville, il n’avoit pas été tenté une seule fois d’y retourner, sinon depuis qu’on lui avoit mandé qu’il y étoit. M De Balzac sçut bien enchérir sur ce compliment. Il lui récrivit le 25 d’Avril 1631, et lui manda qu’il ne vivoit plus que de l’espérance de l’aller