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Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/269

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s’élancent pour l’arrêter au nom de la loi. Ils le rejoignent devant la maison du petit Henry, qui, courageusement avec sa femme, veut le faire entrer chez lui. Mais on lui barre la porte. Il prend sa course. D’autres surviennent et se mettent en travers de la route. Il se jette dans les champs. Toute la troupe composée de plus de cinquante hommes, garçons, filles, enfants, lui donne la chasse à toutes jambes, avec des cris et des rires, car ils ne le détestaient pas, mais saisissaient avec plaisir l’occasion de lutter avec un homme si fort. Ils l’atteignent, lui sautent au collet. Il se débarrasse des premiers assaillants et fait le vide autour de sa personne avec son parapluie. Alors ce fut fini de rire. Sous les coups, ils deviennent furieux, et tous ensemble ils montent à l’assaut. Son chapeau vole dans la boue ; sa ceinture est arrachée ; sa soutane, mise en pièces. Ils s’enivrent de déchirer des insignes respectés et de taper au nom du vrai Dieu sur le serviteur rejeté de Dieu. Enfin le voilà culbuté dans un bourbier ; ses agresseurs tiennent sous leurs genoux sa poitrine, son ventre, ses pieds, et lui frappent la tête contre les pierres, toutes les fois qu’il veut la lever. C’est Gulliver par-dessous les habitants de Lilliput.