Aller au contenu

Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Volontiers, répondit monsieur Haye. Combien faut-il ?

— J’en fournirais une pour trente sous, dit un des plus acharnés bourreaux qui saisit l’occasion d’un profit.

Monsieur Haye lui remit sur l’heure une pièce de quarante sous, et il ajouta en s’adressant à tous :

— Après tout, ces messieurs n’en valent ni plus ni moins que quand vous buviez leur bon vin.

Il y eut un moment d’accalmie. On conduisit François dans la maison de Marie-Anne Sellier. Il y prit un bouillon et un verre de vin, et se disposait à manger un peu de viande, quand le brigadier donna l’ordre de le réenchaîner et de le mettre sur la voiture. Ils partirent. À peine étaient-ils sortis du village que le brigadier, tout en cavalcadant, dit à son prisonnier d’un air satisfait.

— Ah ! mon gaillard, il y a longtemps que je vous surveille !

À Vézelise, on était averti. Les rues, sur le passage du cortège, étaient couvertes de monde, et les gamins accompagnèrent le grand François de leurs insultes. Parmi les spectateurs, beaucoup témoignaient leur joie