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Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/280

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tiges et l’autorité qu’un cortège de carnaval en quelques mois vient de dilapider. Un beau silence se réinstalle, sur la colline. C’est le grand silence du nouveau régime impérial ; c’est, mieux encore, le silence des nuits, des matinées, des brouillards. Jouissons de cet apaisement. La Reine éternelle de Sion est reine des batailles ; nous l’honorons comme une Victoire sur son acropole, quand elle anéantit une barbarie renaissante ; mais elle est aussi la figure de la fécondité, le symbole de la terre inépuisable sous la caresse des quatre saisons. Goûtons-la dans un décor qui varie des diamants d’une gelée d’hiver aux illuminations d’un coucher de soleil en automne.

Connaissez-vous la rude allégresse de gravir les pentes de la colline par une courte après-midi glaciale de l’hiver ? Il semble que vous remontiez dans les parties les plus reculées de l’histoire. Le ciel est couvert d’épais nuages qui naviguent et sous lesquels des troupes de corneilles, par centaines, voltigent, allant des sillons de la plaine jusqu’aux peupliers des routes, ou bien s’élevant à une grande hauteur pour venir tomber d’un mouvement rapide, au milieu des arbres qui forment, sur le sommet, le petit bois de Plaimont. Par