Aller au contenu

Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pays la traitait de sorcière ; chacun reportait sur ce cadavre saisissant l’horreur qu’inspirait maintenant le noble couvent disqualifié par les schismatiques. Léopold, assisté de François et de Quirin, célébra en l’honneur de la vieille fille un service funèbre selon Vintras. Il l’introduisit dans la sainte nomenclature des femmes dignes de mémoire et proclama devant les Enfants du Carmel que, sous des aspects décevants, mademoiselle L’Huillier était une des faces de l’Ève Régénérée, une des hosties du monde, sacrifiée pour racheter les crimes de Saxon. O salutaris hostia !

Ces pieux devoirs ne purent pas arracher un mot de douceur au sombre Quirin, ni dissiper la profonde inquiétude de Léopold. Au quitter de l’autel, celui-ci s’en alla seul à travers la campagne. L’idée que Monseigneur allait posséder le couvent le troublait jusqu’au fond de l’âme. Certes, il ne doutait pas des promesses du ciel, mais il ne pouvait supporter l’idée qu’en attendant les jours annoncés de la Grande Réparation, la colline fût souillée par la présence du prince-évêque de Nancy, de ses vassaux et de ses vavassaux.

Ses pas le conduisirent du côté d’Étreval. Était-ce, sans plus, un instinct du cœur, le désir d’apaiser son angoisse auprès d’amis