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Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/347

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s’entr’ouvre et délègue un mystérieux messager.

Des ouvriers, qui tiraient de la pierre pour les constructions des Oblats, découvrirent dans un champ du plateau, à quelques pas du chemin que les processions et les théories ont suivi de toute éternité, des monnaies, des plats en bronze, des fibules, des agrafes, des épingles d’os et d’ivoire et puis une petite statuette de bronze qui souleva dans tout le pays une grande curiosité et un peu de scandale. C’était un hermaphrodite. On monta des villages pour le voir. Léopold y vint comme les autres. Marie-Anne Sellier et sœur Euphrasie l’accompagnaient. Les ouvriers avaient installé l’idole sous l’abri où ils mettaient leurs outils. Elle se tenait debout ; sa tête était d’une femme, au profil charmant, avec de longs cheveux retenus en chignon par une bandelette ; sa poitrine d’un jeune homme ; elle cambrait son petit corps et tendait les bras avec langueur.

Léopold n’était pas archéologue ; il restait devant le petit Dieu sans pensées claires, mais il le respectait. Il voyait là un puissant repos exprimé d’une manière qui, pour ce vieillard grave, gardait un caractère sacré. Il regardait sans songer à s’étonner et encore