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Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/357

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CHAPITRE XVII


L’ANNÉE NOIRE


Juillet 1870 ! Les derniers jours du mois de juillet, les petites villes de Lorraine les passèrent toutes tendues vers la voie du chemin de fer à regarder courir les trains qui, sans interruption, emportaient nos troupes à la frontière. Des zouaves, des soldats de toutes armes, des chevaux dont on voyait les têtes haletantes en haut des claires-voies des wagons. Quelle chaleur d’orage et quel enthousiasme ! Les populations se pressaient dans les gares pour offrir à ces braves enfants du vin, de la bière, du café, du tabac. Trop de vin, trop de bière ! Et l’on criait : « À Berlin ! » Sébastopol, Solférino, Puébla sonnaient dans les mémoires. Il n’y avait qu’à faire donner nos mitrailleuses, et puis à pousser droit