au sentiment exprimé. Chez lui, la strophe est proprement amorphe. C’est un cadre extensible qui s’adapte à tous les tableaux, une cire molle qui se moule sur les sensations ou les idées qu’on soumet à son empreinte. Cet affranchissement de la strophe est sensible dans les dernières poésies de Laforgue. Dans les complaintes, elle reste à peu près régulière au moins dans le même morceau. La Complainte du pauvre jeune homme, par exemple, comporte 6 strophes, de 11 vers chacune, décomposée en vers 8, 8, 8, 8, 1, 3, 8, 8, 8, 8, 8 et ainsi rimée AA B A BBB C DCC. La Complainte de l’oubli des morts, une des plus curieuses et comme fond et comme forme, est tout entière composée en rimes alternées groupées par quatrains selon ce schéma : 6, 6, 6, 6 | 2, 3, 3, 1 | 6, 6, 6, 6 | 6, 6, 6, 6 | 2, 3, 2, 3 | 6, 6, 6, 6 | 6, 6, 6, 6 | 2, 3, 3, 2 | 6, 6, 6, 6 | 6, 6, 6, 6 | 3, 3, 3, 3 |.
Mais dans les Derniers vers, la strophe affecte, dans le
même poème, les rythmes les plus variés. Voici par exemple
le plan rythmique de l’Hiver qui vient :
1re strophe. — | 6 vers comptant comme syllabes 13, 14, 3, 12, 11, 2. |
2e strophe. — | 4 vers : 12, 13, 12, 12. |
3e strophe. — | 2 vers : 13, 12. |
4e strophe. — | 3 vers : 3, 13, 11. |
5e strophe. — | 16 vers : 16, 7, 8, 12, 12, 11, 10, 7, 5, 3, 5, 8, 9, 4, 15, 8. |