Aller au contenu

Page:Bergaigne - La religion védique d’après les hymnes du Rig-Veda.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est ainsi que le mâle d’un monde s’unit aux femelles de l’autre, qu’un mâle engendre, qu’une femelle enfante ou nourrit son petit dans un monde autre que celui qui est son propre séjour. Des relations d’amitié, des alliances s’établissent aussi entre les éléments terrestres et célestes du même sexe. Elles produisent des couples mythiques, qui peuvent même devenir des triades par l’adjonction a la forme terrestre d’un élément de chacune de ses deux formes célestes, dans les phénomènes solaires et dans les phénomènes météorologiques.

L’assimilation du sacrifice et des phénomènes célestes est plus complète encore que je ne l’ai indiqué jusqu’ici. Non seulement le sacrifice est une imitation des phénomènes, mais les phénomènes sent eux-mêmes considérés comme un sacrifice. Cette conception peut s’expliquer de différentes manières. D’une part, il était assez naturel, après avoir rapporté au ciel l’origine des divers éléments du sacrifice, d’y rapporter aussi l’institution du sacrifice lui-même. De l’autre, l’action supposée du sacrifice terrestre sur les phénomènes célestes devait en faire attribuer la production indépendante dans le ciel à une cause analogue. Il est bien entendu, d’ailleurs, que le sacrifice céleste se confondait avec les phénomènes eux-mêmes, et que, par exemple, le feu de ce sacrifice ne pouvait être distingué de l’éclair ou du soleil. Enfin, quand les Aryas védiques, sans abandonner entièrement dans leurs rites funéraires l’usage antique de l’inhumation, lui eurent cependant substitué, dans la plupart des cas, la pratique, plus conforme au reste de leur religion, de l’incinération des cadavres, quand ils eurent pris l’habitude de confier leurs morts au feu qui les remportait en tourbillons de fumée dans cette patrie céleste d’où ils étaient descendus comme lui, ils peuplèrent ainsi le ciel d’êtres humains qui, après avoir accompli le sacrifice pendant tout le cours de leur vie terrestre, poursuivaient leur œuvre dans le ciel, et continuaient d’assurer le retour régulier des phénomènes, en opérant, non plus sur le représentant terrestre du soleil et de l’éclair, mais sur le soleil et l’éclair eux-mêmes. Ces ancêtres, ces pitris, comme les appellent les rishis ou poètes védiques, avaient d’ailleurs été réunis aux formes célestes du feu, principe de leur existence, par ce feu terrestre du bûcher qui, en les conduisant au ciel, était allé lui-même rejoindre ses frères, de telle sorte qu’ici encore nous retrouvons la confusion déjà