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Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/149

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peuvent entretenir l’une avec l’autre des relations. Ce sont là des phénomènes très complexes, et très intéressants pour la psychologie.

Cette question n’a pour ainsi dire pas d’historique ; je crois avoir été le premier à la traiter dans mes articles de la Revue philosophique, et M. Pierre Janet l’a enrichie ensuite de plusieurs faits curieux ; je montrerai, dans la 3e partie de ce livre, combien l’étude des rapports entre les consciences distinctes éclaire les suggestions classiques du somnambulisme, dont une foule de détails sont restés jusqu’ici inexpliqués. Les relations de deux consciences peuvent prendre deux formes distinctes, l’antagonisme et la collaboration. Nous étudierons d’abord, dans ce chapitre, leur collaboration.

Si l’on suit avec attention les mouvements et les actes d’un sujet qui a perdu la sensibilité consciente dans un ou plusieurs de ses membres, on n’a pas de peine à saisir sur le fait le personnage subconscient au moment où il intervient pour aider de son travail silencieux la pensée ou la volonté de la conscience principale. Mais on ne peut bien comprendre ce rôle de l’inconscient que si on a une idée de l’activité motrice normale.

Cette activité motrice a été très bien analysée par M. William James dans son remarquable mémoire sur le Sens de l’Effort. Lorsque, dit-il en résumé, un sujet normal exécute, les yeux ouverts, avec un membre qui n’est ni paralysé ni insensible, une action volontaire, simple ou compliquée, ce mouvement implique tout d’abord certains états préparatoires, qui sont : 1o une idée préalable de la fin que le sujet désire atteindre ; 2o un fiat, un ictus de la volonté ; puis au moment du passage de la volonté à l’acte, d’autres éléments interviennent ; un événement physiologique ; 3o les contractions musculaires appropriées ; et un événement psychique ; 4o la perception sensible du mouvement, à mesure qu’il s’exécute.

Mettons à part les contractions musculaires, qui sont d’ordre purement physiologique ; mettons aussi à part le fiat de la volonté, qu’il est difficile d’analyser, et dont nous