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Page:Binet - Les altérations de la personnalité.djvu/319

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noncé par une voix intérieure, la pensée de l’Esprit. Tout ceci peut s’expliquer par des associations entre des états dont les uns sont conscients et les autres subconscients ; mais ce qu’il est difficile d’expliquer de cette manière, ce sont des communications plus complexes et plus subtiles qui ont lieu dans presque toutes les expériences.

Rappelons-nous en effet ce qui se passe dans l’observation de Clélia : un dialogue se poursuit entre le conscient et le subconscient ; chaque interrogation est suivie d’une réponse qui n’est pas quelconque, mais qui prouve que la demande a été entendue et comprise. Or, la conscience normale ne connaît pas directement la conscience secondaire ; pour que le médium connaisse la réponse de l’esprit, il faut qu’il relise son écriture ; c’est de cette façon que le dialogue peut se poursuivre. Le subconscient au contraire n’a pas besoin de signes extérieurs pour saisir la pensée de la conscience normale ; cette pensée, qui peut ne pas être énoncée à haute voix, qui souvent n’est formulée que mentalement, le subconscient la saisit, la comprend, et y répond. C’est à lui qu’appartient en somme le premier rôle dans les expériences du spiritisme ; nous sommes du reste habitué à l’importance de sa part de collaboration ; nous avons dit que dans les suggestions compliquées, c’est lui qui se charge de toutes les opérations délicates ; il sait tout, tandis que le moi normal ne sait rien. De même, dans les alternances de personnalités, le moi de la condition seconde connaît souvent le moi de la condition prime, et celui-ci croit exister seul.

Toutes ces analogies doivent nous servir de guide et assurent notre marche au milieu de questions difficiles. C’est cette méthode de comparaison qui, à notre avis, s’impose pour les recherches futures[1].

  1. On pourrait encore étudier les personnalités multiples dans les phénomènes de possession du moyen âge : le sujet a été si fréquemment traité que nous pensons inutile d’y revenir.