LETTRE VII
Ce récit de l’ascension du pic de Long n’ayant pu être écrit au moment même, j’ai d’autant moins envie de le faire maintenant, qu’aucune description, dans la limite de mes moyens, ne pourra faire sentir aux autres le sublime admirable, la solitude majestueuse, la fascination et la terreur inénarrables des scènes au milieu desquelles j’ai passé lundi, mardi et mercredi. Le pic de Long (14, 700 pieds) bloque une des extrémités d’Estes-Park et rapetisse toutes les montagnes… environnantes. Formées par les neiges, la brillante Saint-Vrain, la grande et la petite Thompson y prennent leur source de ce côté. Aux rayons du soleil ou aux clartés de la lune, son sommet gris et déchiré arrête infailliblement les regards, en dépit des daims et des élans, des skunks et des ours gris. De lui viennent toutes les tempêtes, et les éclairs qui jouent autour de sa tête lui font une auréole. C’est l’une des plus belles montagnes, et, pour l’imagination, elle devient plus