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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/126

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VOYAGE D′UNE FEMME

de trembles élancés, qui ont pris une couleur jaune citron, et le long des cours d’eau, les cerisiers sauvages, les vignes et les rosiers illuminent les ravins de la variété de leurs feuilles cramoisies. Les pins ne sont imposants ni par leur circonférence, ni par leur élévation. D’un vert noirâtre, ils produisent un bon effet, — isolés ou par groupes, — tandis que massés comme ici, sur les flancs des montagnes, ils ont un aspect sombre et presque funèbre. La limite boisée, singulièrement bien définie, est a une hauteur de 11, 000  pieds environ. L’arbre le plus plaisant que j’aie vu est le sapin argenté, abies englemanii, d’une espèce ressemblant a celle nommée souvent pin balsamique. Sa forme et sa couleur sont très-belles. Je me sens attirée vers lui et je fréquente tous les endroits ou je le trouve. On dirait qu’il est tombé sur ses aiguilles, d’un vert foncé, une poudre légère, bleue et argentée, ou qu’il est recouvert d’un givre bleuâtre prêt à fondre au soleil. On a peine à croire que cette beauté soit permanente et résiste aux chaleurs de l’été et aux froids de l’hiver. L’arbre universel est ici le pinus ponderosa, qui n’atteint jamais une grosseur considérable. Rien d’ailleurs qui puisse être comparé aux bois rouges de la sierra Nevada, encore moins aux sequoïas de Californie.

Comme je vous l’ai déja écrit, Estes-Park est a trente milles de Longmount, settlement le plus proche. On ne peut y arriver qu’a cheval, en suivant le chemin de traverse escarpé par lequel je suis venue en passant au travers d’un étroit créneau, point culminant d’un sommet a pic de 9,000 pieds appelé la porte du Diable.