Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/350

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le bon Dieu fut venu à moi, je me sens ranimé par l’espérance de la réussite dans ce que nous devrons faire. Ce n’est pas en vain qu’elle dit une parole. Adresse moi quelques lignes seulement pour me consoler ; tu trouveras bien quelqu’un qui écrive pour toi. Dis-moi tout, entends-tu ? Avez-vous recueilli du foin bien sec ? Qu’en est-il de la moisson ? On commence aussi à moissonner ici. Quand je vois partir les moissonneurs, je voudrais aller avec eux. Je t’en prie, ne va pas seule en corvée. Je suis sûr qu’on te poserait des questions, qu’on te rendrait le cœur gros. — N’y va pas ; et ce bavard d’écrivailleur… » À ces mots, Christine interrompit la lecture pour dire quelque peu fâchée : « Où Mila a-t-il donc le sens ? Il a peut-être peur que » Puis reprenant sa lecture, elle continua ainsi : « Et ce bavard d’écrivailleur ne te laisserait pas tranquille. Ne t’en rapporte qu’à Thomas ; c’est lui à qui j’ai demandé de te protéger. Salue-le, ainsi que sa femme Anna. Va aussi chez les miens ; salue mes parents, et les tiens cent fois de ma part. Je salue aussi grand’mère, ses petits-enfants, ainsi que tous les amis et les connaissances. J’aurais tant de choses à te dire qu’il ne suffirait pas pour cela d’une feuille de papier, grande à couvrir toute la montagne de Žernov ; mais aussi bien est-il temps déjà que j’aille monter ma garde. Si c’est de nuit que je me trouve de faction, je me prends toujours à chanter : « Vous, mes belles étoiles, que vous êtes petites ! Nous avons dit cette chanson ensemble la veille de notre séparation, et elle t’a fait pleurer. Mon Dieu, c’est vrai : ces petites étoiles nous ont