On continue à grimper, au milieu d’un décor de plus en plus sombre, par un mauvais sentier qui conduit au Kara-Davan[1], ou « Col noir » ; deux heures de marche nous amènent ensuite au Kizil-Davan[2] ou « Col rouge », percé dans un amas de roches couleur de pivoine. Il fait une chaleur atroce et la fatigue commence à se faire sentir, aussi décidons-nous de faire halte à l’ombre d’une falaise et d’y attendre en déjeunant que le soleil ait baissé à l’horizon… Pendant que nous mettions à mal le troisième poulet du karaoul de Kaïz, déplorant l’absolue sécheresse de ce désert de pierres où ne chante aucune source, nous voyons apparaître deux Kirghizes à cheval, porteurs d’outres remplies de lait ; on pense avec quel enthousiasme ils sont accueillis et, comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, ils nous annoncent que la maison du karaoul d’Arpalik, but de notre étape, est à quelques portées de fusil seulement.
La soirée est merveilleusement belle : le ciel a mis tous ses diamants et la pleine lune éclaire d’une lumière de rêve les escarpements gigantesques au pied desquels nous campons.
5 août. — Aujourd’hui le sentier descend le long du torrent d’Arpalik, dans un défilé rocheux des plus pittoresques où l’on entend de toutes parts rappeler des compagnies de perdreaux. On pénètre ensuite
- ↑ 4 870 mètres d’altitude. Ce passage doit son nom à la montagne environnante qui est tout entière d’un schiste ardoisier, ayant un peu l’apparence du charbon.
- ↑ 3 140 mètres d’altitude.