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LE PROBLÈME ASIATIQUE

nonçait au Town-Hall, en décembre 1888, à la veille de prendre possession de l’ambassade de Rome, s’élevait avec hauteur contre les aspirations nationales et les projets de l’opposition, et affirmait que le gouvernement anglais n’était disposé « ni à laisser enchaîner ou limiter son action, ni à permettre à une microscopique minorité de contrôler ses actes et son administration ».

Les idées ont marché plus vite qu’on ne le supposait. Le parti national indien est constitué et on est obligé de compter avec lui à Calcutta et à Londres. L’utopie d’hier pourrait bien être la réalité de demain.

Une question se pose chaque fois qu’on parle de l’Inde. Comment quelques milliers de fonctionnaires et 50 à 60 000 hommes de troupes métropolitaines, appuyées sur 150 000 hommes de troupes indigènes peuvent-ils gouverner et contenir un empire de 300 millions d’âmes ? La réponse nous est fournie par les Anglais eux-mêmes. Le professeur Seeley explique que l’Angleterre ne s’est pas établie dans l’Inde par la conquête, mais par une révolution intérieure qu’elle a inspirée et dirigée, et qui a été réalisée par les Indiens eux-mêmes : « La supériorité de l’Angleterre et son génie d’organisation, si puissant qu’on l’imagine, n’aurait jamais pu la rendre capable de conquérir par la seule puissance militaire le continent de l’Inde avec ses 250 millions d’habitants, s’il s’était trouvé dans ce pays des nations véritables. Le fait fondamental est que l’Inde n’avait aucun sentiment de haine contre l’étranger parce qu’il n’y avait pas d’Inde, par conséquent, au sens exact du mot, pas d’étranger. » Et John Stra-

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