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Page:Boutroux - De la contingence des lois de la nature.djvu/17

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CHAPITRE PREMIER


de la nécessité


À quel signe reconnaît-on qu’une chose est nécessaire, quel est le critérium de la nécessité ?

Si l’on essaye de définir le concept d’une nécessité absolue, on est conduit à en éliminer tout rapport subordonnant l’existence d’une chose à celle d’une autre, comme à une condition. Dès lors, la nécessité absolue exclut toute multiplicité synthétique, toute possibilité de choses ou de lois. Il n’y a donc pas lieu de rechercher si elle règne dans le monde donné, lequel est essentiellement une multiplicité de choses dépendant plus ou moins les unes des autres.

Le problème dont il s’agit est, en réalité, celui-ci : à quel signe reconnaît-on la nécessité relative, c’est-à-dire l’existence d’un rapport nécessaire entre deux choses ?

Le type le plus parfait de l’enchaînement nécessaire est le syllogisme, dans lequel une proposition particulière est montrée comme résultant d’une proposition générale, parce qu’elle y est contenue, et qu’ainsi elle était implicitement affirmée au moment où l’on affirmait la proposition générale elle-même. Le syllogisme n’est, en somme, que la démonstration d’un rapport analytique existant entre le genre et l’espèce, le tout et la partie. Ainsi là où il y a rapport analytique, il y a enchaînement nécessaire. Mais cet enchaînement, en soi, est purement formel. Si la proposition géné-