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Page:Boutroux - De la contingence des lois de la nature.djvu/25

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CHAPITRE II


de l’être


Le monde donné dans l’expérience porte-t-il, dans les diverses phases de son développement, les marques distinctives de la nécessité ?

Au plus bas degré de l’échelle des choses données se trouve l’être ou le fait pur et simple, encore indéterminé. Peut-on dire qu’il existe nécessairement ?

Puisqu’une nécessité absolue est inintelligible en ce qui concerne les choses données, la nécessité de l’être ne peut consister que dans le lien qui le rattache à ce qui est posé avant lui, c’est-à-dire au possible.

Quelle est la nature de ce lien ? L’existence du possible a-t-elle pour conséquence fatale la réalisation de l’être ?

Et d’abord peut-on déduire l’être du possible, comme la conclusion d’un syllogisme se déduit des prémisses ? Le possible contient-il tout ce qui est requis pour la réalisation de l’être ? L’analyse pure et simple suffit-elle pour expliquer le passage de l’un à l’autre ?

Sans doute, en un sens, il n’y a rien de plus dans l’être que dans le possible, puisque tout ce qui est était possible avant d’être. Le possible est la matière dont l’être est fait. Mais l’être ainsi ramené au possible reste purement idéal, et, pour obtenir l’être réel, il faut admettre un élément nouveau. En eux-mêmes, en effet, tous les possibles pré-