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Page:Boutroux - De la contingence des lois de la nature.djvu/53

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CHAPITRE IV


de la matière


C’est d’une manière contingente que l’être reçoit la forme logique ; et la forme elle-même, dans son développement propre, laisse quelque place à la contingence. Sont-ce là les seuls principes qu’on ait le droit d’arracher à la nécessité ? L’être et la notion une fois posés, ne reste-t-il, pour expliquer toutes choses, qu’à en déduire les conséquences inévitables ?

L’ordre logique ne nous est pas seulement donné sous sa forme élémentaire ; il nous apparaît dans des choses qui peuvent se compter et se mesurer, dans des essences étendues et mobiles, dans ce qu’on appelle la matière. Cette nouvelle forme de l’être dérive-t-elle analytiquement de la précédente ?

Il peut sembler, au premier abord, que la forme matérielle ne soit qu’un accident, à l’égard duquel les déterminations logiques jouent le rôle de substance : l’étendue, la durée, le mouvement, ne sont-ils pas des notions, des idées générales sous lesquelles on range certaines choses données ? Mais il y a là une confusion : si les propriétés mathématiques sont des notions, il ne s’ensuit pas que ce ne soient que des notions. Autre chose est de dire qu’une essence est pensée, autre chose de dire qu’elle est une pensée.

Les éléments de la matière peuvent se ramener à l’étendue