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Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/239

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XVII


M. Belvidera ayant pris le bras du révérend Lovely ne pouvait être conduit ailleurs que dans les environs de Mme de Chandoyseau. Ces messieurs la trouvèrent en effet sous un petit bosquet tout proche de l’entrée de l’hôtel, du côté du jardin, et d’où elle pouvait voir et interpeller à sa guise les allants et les venants.

Elle manifesta une grande joie en voyant l’attitude amicale de M. Belvidera et de son grand et noble ami le clergyman. Elle avait, disait-elle, tant de plaisir à approcher les âmes loyales ; il n’y en avait plus ; ne riait-on pas de la probité même ?

En réalité, elle envoyait le pauvre révérend par la ville, comme elle l’envoyait dans les salons de l’hôtel, pour qu’il lui rapportât les nouvelles et les potins. Le vieillard, grâce à son habit et à ses cheveux blancs, recevait les échos divers sans éveiller la méfiance, et sa docilité au rapport égalait celle d’une estafette ou d’un policier. Son attitude était d’un chien.

M. Belvidera, qui n’éprouvait aucune estime pour le caractère de Mme de Chandoyseau dont il percevait la médiocrité sans prendre la peine de pénétrer la perfidie, essaya de s’éloigner dès qu’il eut accompli sa po-