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Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/52

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V


Un matin, étant descendu dans les jardins avant que la grande chaleur ne fût élevée, Gabriel vit s’éloigner du côté d’Isola Bella une barque portant les couleurs françaises et où il reconnut, sous le toit de coutil blanc qui l’abritait du soleil, Mme Belvidera. Il héla aussitôt un batelier qui le connaissait et qui, par une attention délicate, se mit en devoir de hisser à l’arrière de l’embarcation le pavillon de son pays.

— Non ! non ! lui cria-t-il, mettez aujourd’hui les couleurs italiennes !

C’était un enfantillage amoureux autant qu’inoffensif.

À son arrivée au petit port d’Isola Bella, il rencontra la jeune femme attardée aux environs du débarcadère.

— Je vous confie, dit-elle, que j’aurais une grande envie de visiter Isola Bella sans la compagnie des touristes et des guides. Croyez-vous que cela soit possible ?

Il prit en riant le ton qu’avait Mme de Chandoyseau lorsqu’elle parlait de l’art mystique :

— Sphinge ! dit-il, ô vous dont la pensée demeure