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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Oui, murmura-t-il enfin, le mystère est dans le nom de Meynell. S’il en était autrement, pourquoi m’aurait-il questionné au sujet de l’orthographe de ce nom ? Je lui ai envoyé des renseignements relatifs à Matthieu Haygarth et les lettres de sa femme, il n’a pas paru y attacher une grande importance. C’est seulement lorsque le nom de Meynell a surgi qu’il a changé de tactique et a cherché à se débarrasser de moi. Il a sans doute quelque connaissance particulière de cette branche Meynell, ce qui lui fait penser qu’il peut maintenant agir seul et me jeter à l’eau. Me jeter à l’eau !… se répéta lentement à lui-même le capitaine, c’est ce que nous verrons… oui, nous verrons, nous verrons !… »

Le jour suivant, dans l’après-midi, le capitaine se présenta de nouveau à la villa, où sa fille mangeait le pain de la servitude.

Il y apparut cette fois avec un caractère purement paternel : il venait rendre visite à son seul enfant. Avant de rendre cette visite, le capitaine avait employé les chaudes heures du jour à une étude soigneuse du volume de l’année et des deux ou trois précédentes du Dictionnaire des Postes et de l’Almanach des Adresses ; mais toutes ses recherches n’avaient pu lui révéler l’existence dans la métropole d’aucune personne du nom de Meynell.

« Les Meynell connus de Sheldon peuvent être dans l’intérieur du pays. »

Il faisait une belle matinée d’automne.

Mlle Paget se trouvait libre ce jour-là : son affectionné père l’engagea à venir avec lui faire une promenade dans les jardins de Kensington.

Une pareille proposition avait peu d’attraits pour la jeune personne, mais elle éprouvait une vague idée