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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome I.djvu/188

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Diana eut conscience du sentiment de tendresse que renfermaient ces derniers mots et elle en ressentit de l’embarras.

Heureusement, ils atteignaient à ce moment l’extrémité de la rue déserte et entraient dans le square, où il y avait du monde.

Il ne fut rien dit de plus jusqu’à la place de voitures, où Diana souhaita le bonsoir à son compagnon.

« Je compte retourner en Normandie la semaine prochaine, mademoiselle Paget ; vous verrai-je encore avant mon départ ?

— Je n’en sais vraiment rien. Nos rencontres sont généralement accidentelles, voyez-vous.

— Oh ! oui, certainement, toujours accidentelles, répliqua Gustave en riant.

— Je regrette que vous quittiez Londres… à cause de mon père.

— Moi aussi je le regrette… à cause de moi-même. Mais vous comprenez, quand on a des filles, une ferme, et un château, on a besoin d’être là. J’étais venu à Londres pour huit jours seulement et voilà six semaines que j’y suis.

— Vous avez trouvé à Londres tant de choses qui vous ont amusé.

— Non, mademoiselle, dites qui m’ont tant intéressé.

— Est-ce que ce n’est pas presque la même chose ?

— Mille fois non ! Être amusé ou être intéressé… Ah ! il n’y a rien de plus différent que ces deux états de l’esprit.

— Vraiment ! Bonsoir, monsieur Lenoble ; ayez l’obligeance de dire au cocher qu’il aille aussi vite que possible, sans trop fatiguer son cheval. Je crains d’être en retard et mes amis pourraient être inquiets.