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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

tueux, le résultat naturel du souci presque maladif qu’elle éprouvait pour le bien-être de sa mère.

M. Hargrave Greenwood, de la maison Greenwood et Greenwood, sembla d’abord accueillir froidement la proposition, mais après quelques petits débats, il finit par reconnaître qu’une prévoyance excessive pouvait conseiller d’adopter ce parti.

« Je ne saurais imaginer de garanties d’existence plus assurées, parmi les habitants de Londres, que celles que présente Mlle Sheld…, Mlle Halliday, voulais-je dire. Mais comme cette jeune personne le suggère elle-même, dans le milieu où nous vivons, ces choses sont en dehors des prévisions humaines. S’il y a quelque chose de vrai dans les aphorismes des poètes, j’oserais dire que Mlle Halliday ne saurait s’assurer trop vite, la remarque de Cowper, ou plutôt attendez, je crois qu’elle est de Pope : « Ceux qu’aiment les dieux meurent jeunes, » ne saurait mieux s’appliquer qu’à une aussi charmante personne. Heureusement, les secrétaires des compagnies d’assurances connaissent très-peu les poètes, à moins toutefois que Mlle Halliday ne se rende à la Compagnie Royale, l’Espoir des veuves et des orphelins, dont le secrétaire est un auteur de drames qui tiennent très-bien leur rang à côté des ouvrages des Knowles et des Lytton. »

M. Greenwood, vieux gentleman de l’ancienne école, riait volontiers de ses propres plaisanteries et prenait les choses tout à fait gaiement : il donna à Sheldon une lettre d’introduction auprès du secrétaire de sa compagnie favorite, dont l’importance, selon lui, était considérable.

Ce ne fut pas le seul avantage résultant de l’entrevue.

L’approbation donnée à l’opération par l’homme de