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LA FEMME DU DOCTEUR

lanthropiques en faveur de ses semblables. À l’époque où nous sommes, il était comparativement pauvre ; mais il était toujours assez riche lorsqu’il s’agissait de venir en aide aux indigents, ou de fonder dans la ville une école d’ouvriers, un club pour les artisans, un cours pour le soir, ou un fourneau économique.

En même temps, tout en étant l’âme d’une demi-douzaine de comités, tout en distribuant des vêtements de rebut, du chauffage, des bons de soupe, de flanelle, et pendant qu’il examinait la question solennelle de savoir laquelle de Betsy Scrubbs ou de Maria Tomkins avait le plus pressant besoin d’un jupon ouaté, qu’il pesait les prétentions rivales de Mme Jones ou de Mme Green aux largesses de la cuisine commune, il était auteur, philosophe, phrénologue, métaphysicien, et écrivait des livres sérieux qu’il publiait pour l’instruction de l’espèce humaine.

Il avait cinquante ans, mais, sauf des cheveux gris, il n’avait aucun des attributs de son âge. Cette chevelure grise encadrait le visage le plus radieux qui ait jamais souri et dont l’éclat se répandait libéralement sur tous. George avait vu plusieurs fois M. Raymond avant cette visite. Tout le monde, dans Conventford et dans un certain rayon de cette ville, connaissait M. Raymond, et M. Raymond connaissait tout le monde. Il regarda à travers l’écran transparent qui voilait les pensées du jeune médecin : il plongea dans les profondeurs du cœur du jeune homme qui étaient aussi claires que des eaux limpides, et il n’y découvrit que la vérité et la pureté. Quand je dis que M. Raymond regarda dans le cœur de George, je me sers d’une image, car ce fut de l’inspection du visage du médecin qu’il tira ses déductions ; mais j’aime la vieille tour-