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LA FEMME DU DOCTEUR.

ment d’un embarras qui s’était rencontré dans Holborn ; cependant le cocher ne daigna pas le remercier.

George perdit beaucoup de temps à arpenter les galeries du Temple avant de trouver l’endroit qu’il cherchait, bien qu’il eût tiré une lettre froissée de la poche de son gilet, et qu’il la consultât chaque fois qu’il s’arrêtait.

Wareham n’est qu’à cent vingt milles de Londres ; aussi le train de plaisir, après s’être arrêté à toutes les stations de la ligne, était-il arrivé en gare à deux heures et demie. Il était alors de trois à quatre heures, le soleil étincelait sur le fleuve, et les dalles du Temple que Gilbert foulait aux pieds étaient brûlantes. Lui-même avait très-chaud, et il était presque à bout de force, quand il avisa enfin le nom qu’il cherchait peint en lettres blanches sur la plaque noire d’une porte :

4e étage.
« M. ANDREW MORGAN ET M. SIGISMUND SMITH. »

Ce fut dans l’angle le plus sombre de la cour du Temple la plus obscure que George découvrit ce nom. Il monta un escalier très-sale, cognant le bas de son sac de nuit à chacun des degrés, jusqu’à ce qu’il eût atteint un palier situé à mi-chemin entre le troisième et le quatrième étage. Là il fut obligé de s’arrêter pour reprendre haleine, car il avait traîné son sac de voyage avec lui pendant ses pérégrinations à travers le Temple, au grand ébahissement des passants qui regardaient avec surprise un jeune homme bien mis portant son propre bagage, et lisant avec soin les listes des noms peints sur les maisons dans les cours et les passages de ce grave sanctuaire.