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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/150

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LA FEMME DU DOCTEUR.

Isabel si vous ne m’aimez pas je vous en supplie en grâce dites-le-moi et finissez mon martyre je sais que je ne suis pas digne de l’amour d’une personne si belle et si accomplie que vous mais l’idée de vous perdre est trop amère à moins que vous ne l’exigiez absolument car il n’est pas sur terre de sacrifice que je ne fasse pour vous. »

La lettre n’était assurément pas une composition aussi élégante qu’Isabel aurait pu le désirer. Mais, après tout, une lettre d’amour est une lettre d’amour, et celle-ci était la première que Mlle Sleaford eût jamais reçue. Ce langage, mêlé de doute et de prière, qu’employait George, ne lui déplaisait nullement. Il était dans son rôle qu’il fût malheureux ; il n’était que convenable qu’il fût tourmenté par toutes sortes de craintes. Tôt ou tard ils se querelleraient, se diraient un éternel adieu, brûleraient les lettres l’un de l’autre, et se réconcilieraient. Le roman le plus tranquille ne saurait exister sans ces légitimes incidents semés à travers les trois volumes.

Bien qu’Isabel s’amusât à rêver à sa robe nuptiale et changeât fréquemment d’idée sur la question de la nuance et de l’étoile, elle ne songeait nullement à se marier promptement. Ne fallait-il pas parcourir d’abord les trois volumes ?

Sigismund retourna à Londres après le déjeuner champêtre qui avait été arrangé à son intention spéciale, et on laissa sans partage Isabel à ses élèves. Elle se promenait avec elles, prenait ses repas avec elles, et ne les quittait pas de tout le jour. Ce n’était que le dimanche qu’elle apercevait Raymond.