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LA FEMME DU DOCTEUR.

Cela me fait penser à la musique de Balfe ; cela plaît et l’on retient la mélodie sans savoir pourquoi ni comment. Le livre a eu un certain succès. Le Westminster a été très-élogieux, mais le Quaterly impitoyable. Je me rappelle le jour où Roland nous lisait en riant l’article de cette revue ; il avait l’air d’un homme qui veut rire un jour qu’il a mis des chaussures trop étroites, et il employa à ce sujet un affreux mot d’argot, il appelait cela un four, je crois.

Isabel n’avait rien à dire à cela. Elle ignorait que le Quaterly fût une revue célèbre. Pour elle l’adjectif quaterly (trimestriel) ne lui rappelait qu’une chose : le terme, qui était un sujet aussi douloureux que les contributions dans le ménage de Camberwell. Sur ces entrefaites le père de Gwendoline survint à la recherche de sa fille. C’était Angus-Pierrepoint-Aubrey-Amyott-Pomphrey, comte de Ruysdale ; mais il était vêtu d’une redingote noire, d’un gilet et d’un pantalon gris, comme tout le monde, et il avait des bottines à double semelle. En un mot, il n’avait pas du tout l’air d’un comte, pensa Isabel.

— Ha ! ha !… oui, certainement, ma chère, — dit-il, — quand Gwendoline lui apprit qu’elle était prête à s’en aller. — Je causais avec Witherston, — excellent homme Witherston, — qui voudrait faire élire son fils à Conventford aux élections de l’année prochaine, comme candidat libéral. Garçon très comme il faut, le fils.

Puis il chercha Roland qu’il trouva avec Raymond dans la pièce voisine. Gwendoline souhaita le bonjour à Isabel et dit quelques paroles affectueuses qui signifiaient qu’on se verrait avant peu sans doute ; Lowlands étant fort rapproché de