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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/287

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LA FEMME DU DOCTEUR

individu, — le Mystère du Manoir de Mombray (jolie collection de M majuscules, n’est-ce pas ?) qui prend la ville d’assaut, — j’entends la ville de Cambden où j’ai ma pension et où je trouve l’occasion de chauffer en personne le succès du livre en entrant dans tous les cabinets de lecture que je trouve sur ma route et en m’inscrivant pour la lecture immédiate de l’ouvrage. Comme tu le penses, je me garde bien d’aller le réclamer ; mais si je réussis à pousser un naïf libraire à faire l’emplette d’un exemplaire du M. du M. de M., je sens que je n’ai pas perdu ma journée. »

Le lendemain, de bonne heure, Smith arriva à Warncliffe, et se rendit à Graybridge par un omnibus tout hérissé de fusils. Il était fort gai et parlait incessamment à Isabel qui était restée à la maison pour le recevoir ; qui était restée bien qu’il y eût une faible chance pour que Lansdell eût fait sa promenade matinale du côté du Roc de Thurston. Ce n’était pas probable, car on était au 1er septembre, et il était vraisemblable qu’il aurait préféré le carnage des perdrix à ces flâneries sous le gros chêne.

Mme Gilbert reçut très cordialement son vieil ami. Elle l’aimait comme un frère aîné plus affable que ne le sont ordinairement les frères. Sigismund n’avait jamais vu la fille de Sleaford si jolie et si gracieuse. Un nouvel élément avait été introduit dans la vie de la jeune femme. Elle était heureuse, indiciblement heureuse, sur le seuil mystique d’une nouvelle existence. Elle ne désirait plus être une Édith Dombey. Non, pour toutes les robes de velours ponceau et tous les diadèmes en brillants du monde, elle n’aurait voulu