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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/56

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LA FEMME DU DOCTEUR.

assise sous son poirier, un livre sur les genoux, qu’il tressaillit et fit un pas en arrière en poussant une exclamation de surprise lorsqu’il trouva le jardin désert. L’endroit semblait singulièrement désolé sans la jeune fille se berçant dans son fauteuil. On aurait dit que George connaissait le jardin depuis dix ans et qu’il ne l’avait jamais vu sans apercevoir en même temps Isabel à sa place accoutumée.

— Je crois que Mlle Sleaford… je crois que tout le monde est sorti, — dit le médecin d’un ton assez triste.

— Je le crois, — répondit Sigismund en regardant autour de lui d’un air stupéfait, — et cependant c’est étrange. Ils ne sortent pas souvent… du moins tous ensemble. Ils ne sortent pour ainsi dire jamais, excepté pour aller aux provisions. Je vais appeler la bonne.

Il ouvrit la porte et regarda dans le grand parloir avant de mettre son dessein à exécution ; mais il recula avec stupéfaction sur le seuil, comme s’il avait vu un spectre.

— Qu’est-ce que c’est ? — s’écria George.

— Mon bagage et ton sac de nuit sont préparés et ficelés ; vois !

Smith en disant ces mots montra deux malles, un carton à chapeau, un sac de nuit, et une valise, entassés les uns sur les autres au milieu de la chambre. Smith exprimait sa surprise avec véhémence ; au bruit qu’il faisait, la bonne accourut avec son bonnet accroché par une seule épingle à un chignon ébouriffé.

— Ah ! monsieur, — s’écria-t-elle, — ils sont tous partis à six heures, ce soir, et ils vont en Amérique, à ce que dit madame ; et elle a fait vos malles, et elle