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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/61

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LA FEMME DU DOCTEUR

où les araignées tissaient leur toile, et sur le banc vermoulu de laquelle la romanesque Isabel s’était assise pendant les heures somnolentes de l’été, lisant ses ouvrages favoris et rêvant à une existence arrangée comme l’intrigue d’un roman.

Ils rentrèrent dans la maison, demandèrent de la lumière, et vagabondèrent de chambre en chambre, regardant d’un air de stupéfaction les fauteuils et les tables, les tiroirs ouverts, les meubles déplacés, comme si ces objets inanimés eussent pu leur donner la clef de ce petit mystère domestique qui les intriguait. La maison était pleine de morceaux de papier déchirés, de fragments de chiffons et de cordes, de débris de dentelles et de mousseline froissées, de brosses chauves gisant dans les coins, de tampons de foin et de paille, de clous et de vieux gants. Partout on voyait les traces du désordre et de la précipitation, excepté dans la chambre de Sleaford.

Ce sanctuaire était grand ouvert alors ; Smith et son ami y pénétrèrent et l’examinèrent. Une nouvelle chambre exhumée dans une ville enterrée depuis des siècles eût été moins intéressante pour Sigismund. Là, aucune trace de précipitation. Pas un seul chiffon de papier dans la demi-douzaine de tiroirs du bureau. Pas même une vieille enveloppe sur le parquet. Un monceau de cendres grises dans le foyer éteint révélait seul que Sleaford s’était occupé à détruire des papiers avant son départ précipité. Le chandelier qu’Isabel lui avait remis la veille au soir était sur le bureau, et la bougie en était entièrement consumée. George se rappela avoir entendu les pas pesants de son hôte arpenter la chambre en tous sens, et parfois l’ouverture et la fermeture de tiroirs, le bruit de coffres fermés et