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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/63

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LA FEMME DU DOCTEUR

le propriétaire trouva occasion de dire aux jeunes gens. Il continua sa visite des chambres, cognant les meubles avec sa canne, enfonçant les mains dans les lits pour voir si les plumes et la laine manquaient. Il se lamenta sur les déchirures des tapis, sur les éclats et les écorchures qui diapraient l’acajou, et sur l’absence absolue des poignées et des boutons partout où il était possible aux poignées et aux boutons de manquer. Chaque fois qu’il découvrait quelques nouvelles déprédations dans la chambre où nos amis prenaient leur déjeuner, il faisait mine de vouloir s’en prendre à eux pour l’indemnité.

— Est-ce là la meilleure théière que vous ayez à votre service ? Où est celle en métal anglais qui m’a coûté treize shillings six pence il y a sept ans ? D’où sort ce mauvais sucrier de cinq sous ? Il n’est pas à moi ; le mien était à facettes. Ces coquins m’ont fait pour deux cents livres de dégâts, au moins. À la rigueur, j’oublierais encore les termes. Mais les termes ne sont qu’une partie insignifiante du dommage qu’ils m’ont causé.

Le langage du propriétaire devint alors trop vif pour être reproduit ici, et il s’en alla tout en jurant dans le jardin. Ce que voyant, George et Sigismund ramassèrent leurs objets de toilette et les quelques vêtements qu’ils avaient gardés pour la nuit, et, les jetant à la hâte dans un sac de nuit, ils s’enfuirent prestement et avec terreur, après avoir donné chacun une demi-couronne à la servante et reçu d’elle la promesse solennelle qu’elle écrirait à Sigismund, au Temple, si elle apprenait la moindre chose sur les Sleaford.

Donc, par une belle matinée d’été, Gilbert quitta